Le vol des commons : le cas des grains
Eleonora Gentilucci  1@  
1 : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Les travaux du prix Nobel pour l'Economie, Elinor Ostrom ont eu le mérite de réinsérer dans le débat économique actuel la thématique des communs. La mise en discussion de la propriété privée, en tant que meilleur moyen d'allocation des ressources, et des droits de propriété, en tant que source de légitimation de l'appropriation des ressources mêmes, constituent, à notre avis, les points fondamentaux à partir desquels démarrer notre analyse qui cible essentiellement les enjeux liés aux droits de propriété intellectuelle sur le vivant selon la perspective du commun. Dans cette analyse deux sphères se trouvent affectées par les réflexions sur le sujet : celle du droit et celle de l'éthique.

Dans ce papier nous essayerons de reconstruire la dynamique qui a conduit à breveter le vivant, tout en concentrant notre attention sur les grains. La marchandisation imposée par le système économique actuel constitue la première raison de la naissance des droits de propriété intellectuelle. L'extension du système des brevets au vivant naît des avancées technologiques induites par les biotechnologies. En effet les biotechnologies représentent l'outil à partir duquel une forme de vie déterminée peut acquérir un statut propriétaire. En suivant l'articulation de la pensée de Vandana Shiva, notre objectif est de mettre en évidence la nature de ces grains en tant que bien commun à l'humanité. C'est en effet dans ce contexte que s'inscrit la clé de lecture de Shiva selon laquelle « le brevetage du vivant est en fait un pillage des savoirs des paysans qui les rend dépendants des firmes » : il s'agit de la biopiraterie. Nous assistons à une sorte de marchandisation de la vie et privatisation du vivant imposées par les intérêts des lobbies du secteur et par les appareils institutionnels visant à protéger ces intérêts. Les mécanismes à la base des enclosures des grains tâchent de limiter la liberté qui caractérise depuis toujours les semences, en tant que principe même de la vie, en l'assujettissant à l'optique prédatrice de la maximisation du profit. La reconnaissance du caractère de commons des grains, soulève des enjeux et des questions majeures sur les plans écologique, économique et social.

La dimension locale articulée aux principes de participation et de coopération, en tant que base pour la construction d'une alternative globale au système économique actuel est analysée selon la perspective bottom up des expériences des communautés qui, via l'auto-organisation et l'autogestion essayent de proposer de nouvelles voies de développement. Dans ce contexte nous essayerons de proposer un parallélisme entre le mouvement pour le logiciel libre et celui pour la open source seeds.


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