Du chef d´orchestre à l´agent: les fondements de la financiarisation des régimes d´accumulation
Matari Pierre  1, *@  , Laurent Baronian  2, *@  
1 : Université de Mexico  (UACM)
2 : Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Université Paris III - Sorbonne nouvelle
* : Auteur correspondant

Les questionnements sur les origines et les causes de la financiarisation des régimes d´accumulation structurent le débat sur les caractéristiques du capitalisme d´aujourd´hui. Or la problématique est, pour l´essentiel, considérée sous le rapport de la déréglementation, dérégulation et libéralisation des activités bancaires et boursières, de l´évolution des rapports de forces entre actionnaires et managers, ou encore des changements d´alliances au sein de l´ensemble des parties prenantes –stakeholders- des gouvernements d´entreprise (corporate governance). Si elles en éclairent de nombreux aspects, ces explications laissent, toutefois, dans l´ombre les ressorts objectifs –à savoir interne à l´entreprise- de ce phénomène majeur. Notre contribution dévoile les ressorts internes de la financiarisation. Pour ce, nous considérons l´évolution de ce que Marx désigne comme double caractère des tâches de direction et de supervision de la production. Cette transformation conduit à une déconnexion entre le haut management et le procès de valorisation du capital. C´est sur ce fondement qu´il convient d´analyser l´évolution du contenu positif des fonctions des dirigeants, notamment à travers l´histoire de la comptabilité d´entreprise. Nous aboutissons au résultat suivant : si la « création de valeur » pour les actionnaires ou encore la maximisation des flux actualisés des dividendes futurs sont devenus l´alpha et l´oméga des dirigeants des corporations –en un mot s´il y a triomphe d'une « conception boursière de l'entreprise »- c´est d´abord en vertu d´une complicité structurelle entre les actionnaires et les dirigeants. Nous nommons financiarisation interne le processus qui découle de l´évolution de l´organisation du procès de production et qui fonde cette complicité structurelle. Ce processus doit être distingué de la financiarisation externe mise en relief par les travaux –mainstream y hétérodoxes- qui se concentrent sur les causes et implications de la libéralisation des marchés financiers et de la montée en puissance des actionnaires au sein des gouvernements d´entreprises à partir de la fin des années 1970. Conceptuelle, cette distinction est également historique. Car les bases de cette financiarisation interne sont jetées au sein de la corporation de l´ère fordiste, soit précisément avant les grandes mesures de déréglementations qui inaugurent l´ère néolibérale. 



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